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Vous avez dit Cinéma?

Mercredi 9 mars 2011 à 15:56

http://all-the-movies.cowblog.fr/images/TrueGritPosterUS03.jpgTrue Grit (2010) réalisé par Joël & Ethan Coen
Avec : Jeff Bridges, Hailee Steinfield, Matt Damon, Josh Brolin, Barry Peper....
Synopsis :
Mattie Ross est une jeune fille de 14 ans très déterminée. Elle veut venger la mort de son père, assassiné lâchement par un de ses employés nommé Tom Chaney. Ce dernier s'est enfui en territoire indien avec une bande de hors-la-loi menée par Lucky Ned Pepper. Puisque la justice ne semble pas s'en préoccuper, Mattie décide pour le retrouver d'engager le Marshal le plus coriace de la région, Rooster Cogburn.

Ma Critique Le plus dur chez les frères Coen, c'est de se dire qu'il va falloir attendre encore un an pour voir leur prochaine réalisation. Le film annuel 2011 des trublions du cinéma américain est le remake de 300 dollars pour un sherif, mis en scène par Henry Hathaway qui mettait en avant ce bon vieux John Wayne dans le rôle du tueur à gages Rooster. Jeff Bridges pose son peignoir et sa cassette des Creedence du Big Lebowski pour rejoindre une seconde fois les frangins, et participer à leur version de ce chef-d'oeuvre. On peut retenir à ses côtés, une fillette du nom de Hailee Stenfield qui a réellement 14 ans et dont l'interprétation lui promet une formidable carrière cinématographique, ainsi que Matt Damon (qui pour une fois est vraiment super attachant et pas du tout insupportable en Laboeuf) ou encore Josh Brolin dans le rôle de Chaney qu'on avait apprécié dans No country for Old Men.
 
 Pas la peine de discuter là dessus, tous les acteurs y compris les moins connus sont très bons (Barry Peper, Domhnall Gleeson.. Tous des belles têtes de losers à la Coen), on ressent grandement la complicité sur le tournage, le plaisir à ceux-là de jouer dans une réalisation coenienne. La qualité du casting renforce donc la sublime habituelle mise en scène des frères Coen, le niveau technique avec la précision des plans toujours bien placés et l'image, la photographie etc.. comme un film des frères Coen en somme.
 
Comme d'habitude c'est d'une finesse implacable dans le cours de l'histoire qui font passer ces deux heures d'une vitesse fulgurante, l'humour noir et le décalé refont surface avec des scènes d'anthologie (La pendaison des 3 bandits, le trappeur dentiste...) et les cinéastes prennent une énième fois un plaisir fou à faire mourir de la manière la plus débile qui soit les Loosers qui peuplent ce film, bouffé par les loups ou un rocher dans la tronche. Pourtant les « méchants » ont l'air gentils, mais non ça reste des vilaines personnes qui n'auront que ce qu'ils méritent : parce que ne l'oublions pas, le thème principal est la vengeance mais c'est pas traité comme un Tarantino, c'est beaucoup plus subtil. Pas d'essoufflements, les duels finals avec le petit rebondissement pour combler le suspense sont réussis, et la chevauchée de nuit est pas loin d'être magnifique.
 
 Les frères Coen ont beau avoir un rythme impressionnant de réalisation, ils me déçoivent jamais, et je pense avoir assez répété qu'ils ont le don de se renouveler et/ou de passer d'un genre à un autre sans faire traîner des aspects de leur précédent. Notez seulement la différence entre leur dépressif Serious Man et celui-ci. Après réinventent-t-il le western sous la neige en donnant leur vision du genre ou signent simplement un classique très réussi ? Du moins, True Grit méritait amplement ses oscars qui n’ont pas été remis.. car on se fait rarement aussi plaisir dans un cinéma et à ce stade là, c'est plus que jouissif.



Dimanche 23 janvier 2011 à 1:44

http://www.filmsfix.com/images/affiches/notre-jour-viendra-bande-annonce.jpgNotre Jour Viendra (Redheads) (2010) réalisé par Romain Gavras
Avec Vincent Cassel, Olivier Barthélémy, Justine Lerooy, Vanessa Decat, Pierre Boulanger...
Synopsis : Patrick et Rémy n'ont ni langue, ni pays, ni armée : ils sont roux. Ensemble ils vont combattre le monde et sa morale, dans une quête hallucinée vers l'Irlande et la liberté.

Ma Critique : A peu près 3 ou 4 mois, c'est ce que j'ai attendu pour voir Notre Jour Viendra sortir en salles en Septembre parce que j'avais appris que Vincent Cassel et Olivier Barthélémy jouaient deux roux mal dans leur peau, et seraient mis en scène par Romain Gavras du Koutrajamé. Cet homme, fils de Costa Gavras (cinéaste respectable à mon goût) qui s'est déjà penché sur le sujet des cheveux roux en signant un clip controversé, choquant, insoutenable pour la chanteuse M.I.A. « Born Free » où une rafle de roux se fait par l'armée américaine avant de les foutre dans un bus qui les mèneront dans un désert californien truffé de mines qui les feront exploser au ralenti, créant une polémique folle aux States et en France, censure sur youtube. Et puis il avait fait un autre clip choc, à savoir Stress de Justice qui mîmait un reportage sur des casseurs mettant le feu à une banlieue parisienne (ainsi qu'une vidéo sur leur tournée, A Cross the Universe)... Romain est un cinéaste disons-le plutôt prometteur, même si son discours à la sortie de son film était du genre « J'ai fait le film dont j'avais envie, je m'en fous si les gens le reçoivent pas » ce qui est pas très correct de la part d'un sacré pistonné d'une vingtaine d'années qui vient de démarrer sa carrière ! Bref il vient de commencer avec un ego, mais son premier film est clairement incroyable.

Après un trailer très bien foutu qui m'a presque rendu fou tellement il était énigmatique, puis par une bande-annonce qu'il était un peu moins, il sort au cinéma. aucune salle le diffusait dans ma région, introuvable sur le net, inexistant dans la Fnac au moment où je vous écris ces lignes... Je viens de le voir ce soir par cas de force majeure après 4 mois de sa sortie. Si je m'intéresse autant à ce film c'est pas parce que je suis roux, mais que je voulais absolument voir l'approche qu'allait mener Gavras sur un sujet que presque personne n'a jamais touché à part lui. Les roux sont parfois victimes d'un racisme ordinaire, qui peut partir du légèrement sympathique jusqu'à un rejet pouvant entraîner la perte de l'identité du rouquin. Pourquoi ? Jamais su. Certains le prennent bien ou font avec. D'autres sont mal dans leur peau. Patrick et Rémy le sont, et ce film est leur odyssée. Ce n'est pas un film sur les roux à proprement parler, non. Les roux sont un exemple comme un autre, le scénario traite de toutes formes de racisme ordinaire et de ségrégations, ou encore de ce qui se trame dans la tête des jeunes...

Gavras filme avec beaucoup de passion son sujet, même si l'histoire peut paraître un tantinet décousue voire même totalement absurde (parce qu'au final, Vincent Cassel a beau en faire des caisses, on sait pas ce qu'il veut...) a base de travellings, caméras embarquées ou plans d'ensembles vraiment sensationnels, on sent le frais, le cinéaste qui débute. Le duo Vincent Cassel/Olivier Barthélémy dans leur relation attachante de grand et petit frère est juste étonnant, respectivement confirmé, excellent comme d'habitude et l'autre pré-nommé aux Césars du meilleur espoir masculin après deux véritables rôles (Après Sheitan de Chapiron) et une vingtaine d'année. Les images sont très fortes, surtout grâce à la photographie que l'on doit à Kim Chapiron (Photographe de plateau, qui fait parti du Koutrajamé – Sheitan, Dog Pound -) et portées par la musique à mi-chemin entre classique piano puis aux touches éléctroniques composées par SebastiAn.

La première partie du film nous installe dans le décor Nord Pas-de-Calais très laid, à la population et aux mœurs presque détestables par la monotonie de la région et de la mocheté du paysage que ce soit par les autoroutes ou usines. (Mais croyez-pas j'aime bien le Nord moi !). Il y a cet adolescent roux Rémy perdu entre sa mère et sa soeur, fan de l'équipe d'Arsenal, rejeté dans son équipe de foot, perdu dans sa sexualité, traumatisé par sa primaire. Puis il rencontre Patrick, psychologue roux lui aussi, qui va l'emmener en quête dans le Nord. Le premier de ces deux compères veut partir en Irlande rejoindre ses amis roux, le second lui explique que si tous les roux partent en Irlande vivre avec les autres roux cela n'a plus aucun intêrèt. Il veut être le messie. Les 45 dernières minutes manquent peut-être un peu de rythme, la partie dans l'hôtel est plus que malsaine notamment pour la scène du Jacuzzi.. Mais après ça, le fin du film est juste époustouflante, les 20 dernières minutes à couper le souffle, du rasage de Rémy dans la pharmacie et la scène du mariage qui s'en suit, la démarche des deux roux et leur combat à l'arbalète dans le coin industriel de Calais contre les ouvriers, le ferry prêt à être rempli uniquement de roux cherchant à aller eux aussi en Irlande... Jusqu'à la dernière scène, particulièrement émouvante.
Suicide commercial bien évidemment, Gavras présente son film comme une comédie dramatique romantique.

Une sorte de Road-Movie halluciné rappelant Les Valseuses de Blier., malsain, ironiquement optimiste, choquant, frustrant mais surtout très touchant. La quête de deux roux dans une société dominée par le racisme ordinaire et la violence. Un petit bijou français de 2010, sans doute celui que j'attendais depuis quelque temps et qui aurait pourtant pu ne pas tenir ses promesses ou plutôt celui que j'aurais aimé réaliser, mais détruit par la critique.

« Ma chevelure vous irrite ? Je la laisserais pousser. Mes actions, mes attitudes vous dérangent ? Je les amplifierais. Et quand un jour je resterais indifférent face à vous, et que je pourrais être celui que je dois être. Ce jour là, malgré ce dégoût, cette honte, vous m'aimerez. Pour ce que je suis. »  Voici un making-of très fort du film, réalisé par le co-scénariste Karim Boukercha, qui vous permettra de voir les images les plus fortes du film, si vous n'avez pas la motivation ou l'occasion de le voir.



Jeudi 11 novembre 2010 à 19:51

http://madmoizelle.com/carnets/horreur/files/2010/09/rubber.jpgRubber (2010) réalisé par Quentin Dupieux
Avec Stephen Spinella, Roxane Misqueda, Jack Plotnik, Halley Ramm, Thomas F.Duffy...
Synopsis
Dans le désert californien, des spectateurs incrédules assistent aux aventures d’un pneu tueur et télépathe, mystérieusement attiré par une jolie jeune fille. Une enquête commence.

Ma Critique

 Deux Appareils photos filmant un groupe de personnes observant aux jumelles un moment de cinéma dans la vie réelle, avec un Pneu dévastateur qui roule de lui-même pour tuer les pauvres gens et animaux en leur explosant la tête par le seul pouvoir de la télépathie.. Bon ça valait le coup d’y aller quand même hein !

 
Avec ce film foutraque et jouissif, Quentin Dupieux devient pour moi un pur réalisateur. Il ose toucher à l’absurde avant-guardiste après être passé chez le duo Eric & Ramzy avec Steak qui avait clôt son côté déjanté, alors qu’il venait de signer au début du deuxième millénaire avec son Nonfilm sur un homme qui se réveille en plein tournage où il est l’acteur, et il tue malencontreusement la plupart des membres de l’équipe du film, et ainsi le reste des gens le suivront sans caméra ni scénario. Il a n’a pas renoué avec son style avec une histoire de chirurgie ésthétique mais avec Rubber et son histoire déjantée de pneu.
 
L’introduction est splendide, l’acteur Spinella - énormissime de sérieux et de second degré - arrive pour un monologue à la fois cinéphile et existentiel sur la raison d’être. No Reason. C’est seulement à partir de ce moment là, qu’on sait qui va apprécier ou non le film dans la salle. Même si c’est gore (quoique pas méchant), sans pitié et cruel, c’est à mourir de rire. L’ambiance est totalement grotesque, des premiers pas du pneu jusqu’à la réincarnation/révolte. Est-on dans un film ? Je me pose encore la question. D’ailleurs le point de départ de Dupieux était de mettre le film projeté en petit et donner des jumelles aux spectateurs afin qu’ils regardent ces 1h 30 de pur bonheur ciné de loin. La caméra, euh je veux dire l'appareil photo suit en steady cam les gestes et mouvements de ce pneu et lui donne vie sans l'animer par ordinateur pour autant et qui nous donne l'impression d'être sérieusement à la place du pneu. Et ce petit moment d'angoisse pendant qu'il ronronne et se fâche avant explose la tête de l'individu sur son passage par psytolékéchinésie machin (ceux qui ont vu le film comprendront..), qui arrive subitement et mélange des beurks, des sursauts et des fous rires dans la salle obscure.
 
Un film aussi personnel que sa musique, avec des petites contributions de Gaspard Augé du groupe Justice. Mais même si c’est absurde, on y accroche totalement (ou pas si l’on n’aime pas le genre), c’est Robert le Pneu, et il reste un pneu, certes, et pourtant c’est passionnant. 2 appareils, arriver un film pareil, faut vraiment être complètement jeté pour tenter de sortir quelque chose avec une histoire pareille. Mais Mr. Oizo y est arrivé, et parfaitement bien en plus. Génialissime sur tous les bords et à mourir de rire pour ceux qui ont un peu de mauvais goût et beaucoup de second degré dans les veines. Une perle improbable française, réalisée dans les déserts californiens. Vous ne verrez plus un Pneu dans une décharge comme avant.

Jeudi 11 novembre 2010 à 19:01

http://img.over-blog.com/375x500/4/01/99/77/Buried-affiche.jpgBuried (2010) réalisé par Rodrigo Cortés
Avec Ryan Reynolds
(& les voix de Anne Lockhart, Robert Paterson, José Luis...)

Synopsis : Ouvrez les yeux. Vous êtes dans un espace clos, sous 1 tonne de terre irakienne avec 90 minutes d’oxygène et pour seule connexion vers l’extérieur un téléphone portable à moitié rechargé. Tel est le destin de Paul Conroy, entrepreneur Américain pris en otage et enfermé dans une boîte. Le temps file et chaque seconde qui passe le rapproche d’une morte certaine...

Ma Critique Tu parles d’une prouesse cinématographique ! Le mois de Novembre sera celui de Buried, le premier long-métrage de l’espagnol Rodrigo Cortés. Quand j’ai entendu parler de ce film exceptionnel, nous mettant pendant 1h 30 entre les 4 planches d’un cercueil Vieux Modèle en compagnie d’un otage de guerre américain du nom de Paul Conroy - muni d’un téléphone portable à la batterie moitié pleine mais qui capte le signal, d’un couteau, d’un Zippo, d’un couteau et d’un peu d’Alcool - je me suis dis qu’il fallait que j’y coure tout de suite. Amis Claustrophobes Bonjour !
 
Après un générique efficace et bien monté, on tombe dans le noir avec un souffle court qui nous suivra pendant tout le film. Dès lors, on suivra ses tribulations, ses appels révélateurs et surtout sa lutte pour survivre. Le film est insoutenable en lui-même mais comment réussir à maintenir l’attention du spectateur enfermé dans 3 m²  une heure et demie durant? Rodrigo Cortés a la clé, et son film pourrait être qualifié d’Hitchcockien, car on n’avait jamais vu un défi pareil depuis La Corde (1948) où celui-ci faisait tenir une intrigue dans une même salle avec une boîte et une corde et quelques acteurs. Totalement imprévisible, magnifiquement bien réalisé avec des plans très intéressants (Travellings de la tête au Pied rapide, petits zooms sur le visage du protagoniste lorsqu’il dialogue avec le terroriste, les planches infinies filmées de travers après l’appel de la CRT...) et surtout un montage qui tient la route, encore plus efficace que la majorité des Thrillers d’aujourd’hui. Et puis Evidemment, il y a Ryan Reynolds (Mi$e à Prix, La Proposition..) crédible du début jusqu’à la fin. Cette fin, 2 rebondissements et des dernières images à couper le souffle. Epoustouflant.
 
Pour moi l’avenir de ce cinéma, réside à 70% dans la nouvelle vague de l’ambiance horreur espagnole. Les réalisateurs comme Paco Plaza et Jaume Balaguerò (Les ambitieux [REC] 1 et 2) mais aussi ne l’oublions pas, le réalisateur du deuxième volet 28 semaines plus Tard du nom de Juan Carlos Fernasdillo et enfin voilà un tout frais, un vrai cinéphile Rodrigo Cortés, qui nous sortira prochainement deux nouveaux films qui seront - j’espère à la hauteur de celui-ci - Red Lights et Le Concurrent. Il ne faut pas compter sur les concepteurs du 7e Saw 3D.. Il faut du nouveau et du novateur maintenant. Or là, une nouvelle page du 7e art s’est inscrite grâce à Buried. Surement la plus grosse surprise de l’année, un Huis-Clos passionnant et insoutenable, où faits et gestes d’un homme ordinaire sont exploités par un réalisateur qui s’avère extraordinaire.

Buried vu par mon pote Louis. 

Vendredi 15 octobre 2010 à 18:13

http://all-the-movies.cowblog.fr/images/deshommesetdesdieuxbeauvois.jpgDes Hommes et des Dieux (2010) réalisé par Xavier Beauvois
Avec Lambert Wilson, Michael Londsale, Olivier Rabourdin, Phillipe Laudenbach, Jacques Herlin...

Synopsis
Un monastère perché dans les montagnes du Maghreb, dans les années 1990. Huit moines chrétiens français vivent en harmonie avec leurs frères musulmans. Quand une équipe de travailleurs étrangers est massacrée par un groupe islamiste, la terreur s’installe dans la région. L'armée propose une protection aux moines, mais ceux-ci refusent. Doivent-ils partir ? Malgré les menaces grandissantes qui les entourent, la décision des moines de rester coûte que coûte, se concrétise jour après jour...
Ce film s’inspire librement de la vie des Moines Cisterciens de Tibhirine en Algérie de 1993 jusqu’à leur enlèvement en 1996.


Ma Critique
Je ne suis pas un fin connaisseur de Xavier Beavois, mais je pense avoir vu assez d’œuvres de sa filmo pour me faire une opinion sur sa qualité de réalisateur. S’il est un film qui m’a particulièrement plu, ce serait son récent Le Petit Lieutenant, son dernier film en 2005, mettant en scène une belle petite brochette d’acteurs frais tels que les prometteurs Jalil Laspert et Roschdy Zem pour faire un polar d’ambiance filmant les premiers pas de Jalil dans la police nationale avec pour fond Paris au petit matin.
 
 Avant ça, Beauvois filmait du pur auteur avec ses trois premiers films très difficiles d’accès : Nord en 1991 où l’histoire de consanguins passionnés liant mère et fils, ce dernier joué par le réalisateur en question – N’oublie pas que tu vas Mourir en 1995 sur le sida d’un cas de jeune étudiant en histoire de l’art échappant au service militaire (encore Xavier en l’occurrence...) et découvrant les joies de l’homosexualité, l’amour (avec Chiara Mastroianni) et de la drogue (avec Roschdy Zem). Enfin, avant le premier que je viens de vous citer, il avait réalisé Selon Matthieu en 2000, mettant en scène Nathalie Baye et Benoît Magimel dans une histoire assez ambigüe. C’est bien beau tout ça, Xavier sort un film tous les 5 ans, mais là ça valait le coup d’attendre.
 
Là ça dépassait mes attentes, déjà gagnant du Grand prix du Jury au Festival de Cannes, si acclamé par toute la critique (hormis les revues  Brazil et un avis contre-opposé de Télérama) et qui par son succès dans le box-office français, s’est vu soutenu par des bobines supplémentaires afin de le diffuser partout et plus souvent.
 
Ces phénomènes ne sont pas anodins, Des Hommes et des Dieux est un chef-d’oeuvre à proprement parler sans superlatifs inutiles : c’est un chef-d’oeuvre. Pour une fois que le cinéma français ose produire des perles aussi belles. Parce que sérieusement, ce film n’est que mon 2e coup de coeur français de l’année 2010 après Mammuth de Kervern et Délépine (et encore, il ne l’épaule même pas.) alors que l’année se termine.
 
Xavier Beauvois filme le silence et le dialogue mieux que personne ne l’ait jamais fait. Il prend le temps d’observer le moindre détail de l’image, en insistant sur la personnalité des personnages de l’histoire sans jamais ennuyer le spectateur. En plus de ça, c’est un film sur la paix. On se dit, comment être aussi bon et aussi pacifistes dans ce monde de barbares ? Il y a aussi une question qui n’est pourtant pas la principale. Respectant la religion catholique et musulmane, un autre élément apparaît. Le respect mutuel entre les deux religions. Il n’est pas question d’un côté de la pédophilie, des scandales du pape et de l’autre côté, il n’est pas non plus question de l’Al Quaïda et de la misogynie. Il filme la religion telle qu’elle est : une source de pureté et de paix. Car après tout, au-delà d’être une idéologie, la religion n’est elle pas une source de réflexion ? L’entente cordiale et la solidarité entre ces deux religions nous rassure.
 
 En plus de ça, il y a cette complicité entre les moines de l’ordre cistercien mené tambour battant par les 9 frères tous aussi bons les uns que les autres. Mention spéciale évidemment au génial Michael Londsale et l’inouï Lambert Wilson qui n’a jamais tenu un rôle aussi bon. Ils prient ensemble, en commun, s’entraident et aident les populations. Et ils ont un courage incroyable. Sans les considérer comme des héros ni des martyrs pour autant, Xavier les rend vivants tout au long du film et insiste sur leur bonheur constant d’avoir des liens aussi profonds en matière de camaraderie. Il l’emporte même sur le tableau d’arrière-plan, cette violence d’un pays au gouvernement corrompu soutenue par la guerre civile algérienne.
 
Les dernières images sont à couper le souffle jusqu’au texte blanc sur noir. Pourtant elles sont floues, incertaines comme pour symboliser le fait que leur meurtre reste une affaire non élucidée - commanditée par les terroristes ou l’état? - On ne sait pas, et pourtant ce n’est pas ce qui nous préoccupe le plus dans le film mais plutôt l’observation du silence, des choses qui nous entourent car le dernier film de Beauvois est un film sur l’esprit de la paix avant d’être un film d’auteur réaliste, même si il l’est profondément.
 
Quelque soit l’idéologie ou la religion, Des Hommes et Des Dieux restera le même sublime film aux yeux de tous (mais après c’est les goûts et les couleurs évidemment). Donc quelque soit votre préjugé sur le sujet, foncez-y et vous n’y ressortirez pas indemnes.

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