
Avec : Harvey Keitel, John Turturro, Delroy Lindo, Sticky Fingaz, Mekhi Phifer...
Synopsis : Contrairement à son frère Strike, devenu dealer, Victor Dunham mène une existence familiale des plus saines. Jusqu'au jour où il se charge d'une mission à la place de Strike...
Ma Critique : Il y a quelques temps Clockers était un film qui m'attirait beaucoup tant par son équipe technique - Spike Lee, qui est un cinéaste que j'apprécie et admire, et le casting notamment mené par le duo irréprochable Harvey Keitel et John Turturro en flics qui limite se complètent leurs phrases - mais aussi son sujet, l'approche violente de Spike sur la jeunesse en perdition et les problèmes de cité américaine (drogues, pauvreté, crime...) et également car c'est un des films de ma naissance (le 22 novembre 1995, lendemain du 21.).
Je ne m'étais pas trompé sur la qualité de ce très bon film. Adapté d'une histoire écrite par Richard Price, Clockers se penche donc sur ces jeunes qui trafiquent de la drogue en seconde zone. Ils ne sont jamais considérés comme des vrais dealers mais plutôt pour des merdeux qui tentent de gagner un petit peu plus d'argent pour gagner leur vie minable. La mise en scène, les plans, les dialogues : tout a un air ironique pour un film qui ne l'est pas du tout, mais au contraire très sérieux et révélateur. A commencer par ce générique de début violent voire presque dérangeant, qui zoome doucement sur des photos de règlements de compte tout en plaçant ses titres sur fond d'une musique langoureuse de Jazz. Tout ça laisse perplexe, et nous laisse passer 2 heures ciblées sur un de ces dealers, Victor Dunham se détruisant aux Cracks et qui pourtant a une passion attachante mais insolite pour les trains... Ce mode de vie n'est clairement pas celui adapté à son caractère. Il est la représentation de tous ces gosses qui se prennent pour des caïds mais qui ne valent pas un sou. Le film n'est pas particulièrement violent, mais il a une ironie et un second degré (qui se retrouvent dans l'excellent duo Keitel/Turturro) plutôt dérangeant, et le mode de filmer de Lee est comme celui de Jungle Fever et Do the Right Thing, très branché et divertissant. Pour le rendre bien contemporain de son époque on y ajoute une bande son hip-hop comme on l'aime et pas ces daubes ricaines fricées, voilà Clockers. Ou la vision de tous ces jeunes qui pètent plus haut que leur cul, une morale assez perceptible pour un film à la trame policière passionante.