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Vous avez dit Cinéma?

Vendredi 19 août 2011 à 16:14

http://all-the-movies.cowblog.fr/images/enterthevoidposter.jpgEnter the Void (2010) réalisé par Gaspard Noé
Avec Nathaniel Brown, Paz de La Huerta, Cyril Roy, Masato Tanno, Oly Alexander...
Synopsis Oscar et sa soeur Linda habitent depuis peu à Tokyo. Oscar survit de petits deals de drogue alors que Linda est stripteaseuse dans une boite de nuit. Un soir, lors d'une descente de police, Oscar est touché par une balle. Tandis qu'il agonise, son esprit, fidèle à la promesse faite à sa soeur de ne jamais l'abandonner, refuse de quitter le monde des vivants. Son esprit erre alors dans la ville et ses visions deviennent de plus en plus chaotiques et cauchemardesques. Passé, présent et futur se mélangent dans un maelstrom hallucinatoire.

Ma Critique : Excellent réalisateur ou obsédé de cul ? L'un n'empêche pas l'autre visiblement puisque notre cher moustachu Gaspard Noé nous conçoit de petites perles qui claquent comme pas possibles lorsqu'il a envie de délaisser le porno. Pas encore une filmographie très conséquente, mais Irréversible m'a juste tué et m'a convaincu du talent et de l'ésotérisme du type qui sait donner une esthétique unique à des sujets et thèmes souvent très mal traités. Le viol est un sujet douloureux et lorsque les français veulent en parler en insistant pas mal sur l'acte on passe pour un beau dégueulasse. C'est le cas de la merde sans nom ou si elle en porte un : Baise-moi . Et je pèse lourdement mes mots pour qu'ils puissent arriver dans la tête de sa réalisatrice Virgine Despentes qui a réussi à signer un des pires films que j'ai pu voir dans mon existence. Là où Gaspard ne donnait aucune âme et une cruauté malsaine dans son plan fixe de 10 minutes sur Monica Belluci sodomisée et battue à mort, l'autre gourde a juste filmé une scène de porno qui passerait sur une chaîne muette du câble à 3h du matin.

 

Bref quoiqu'il en soit les plans séquences et l'ambiance d'irréversible m'ont laissé sur le cul, et Enter the Void me semblait très ambitieux et qu'il valait le coup d'oeil. Il faut être ancré, consacré, concentré sur un film pareil. Après un générique voulu tape à l'oeil, on est transporté subjectivement dans la tête d'un gentil junkie, un peu dealer, qui tente de vivre à Tokyo avec sa soeur. ENTER Premier trip  du film en mode animation lecteur windows media lorsqu'il se prend une pipe de DMT, mais que dis-je, ce film est un véritable trip! 2H 30 de prouesse cinématographique, la caméra quitte la 1ère personne dès la mort de Oscar en s'élevant en hauteur. C'est psychédélique, fascinant, passionnant, sincère.. lorsque la vie de celui-ci défile devant ses yeux on sent le réalisme des souvenirs qui ne sont jamais trop précis et inutiles mais des images qui nous marqueraient tous jusqu'à l'âge d'adulte. Le cinéaste passe son temps à opposer l'innocence de l'enfance ou l'être maternel aux expériences matures, drogue et sexe qui comblent le quotidien du protagoniste posé. Les éléments se rassemblent, l'histoire se construit. Dans Irréversible, Noé nous racontait son scénario à l'envers, dans Enter the Void il est diagonal. Cela peut sembler ennuyeux, mais la beauté et la couleur des images ne peut pas laisser indifférent, on est transporté et on plane sur ce voyage intense.

   

On se retrouve dans l'inconscience et ce qui passe autour de la mort d'Oscar en suivant les théories bouddhistes dont le cinéaste assume la croyance dans ce film. Culpabilité, Lacheté etc encore une fois tous les sentiments et défauts humains passent à la moulinette Noé et on reste sur le cul même si certains éléments tournent à la répétition vers certains moments.

 

Dans la dernière demie-heure, on a un peu l'impression de passer à un porno et on sent un peu que les scènes de fesses par des acteurs X japonais surpayés servent à combler un certain vide scénariste. Là où le réalisateur utilisait le plafond et l'effet de rapidité pour transiter ses séquences inversés dans irréversible, ici il utilise les éléments de profondeurs pour enchaîner les scènes. Et c'est donc après un vagino-shot (ou l'un des plans les plus débiles du 7e art depuis la femme qui s'approche embrasser la caméra de face dans The Lodger d'Hitchcock: la comparaison est extrême mais c'était aussi pour dire que c'était cool qu'on ait retrouvés ses premiers films en Australie) qu'on assiste à une naissance finale. Et puis on se dit finalement qu'en fait Gaspard sait se qu'il veut et sait terminer ses idées. La mort ouvre le film, la naissance (réincarnation bouddhiste du coup) le clôture. THE VOID

Vendredi 29 avril 2011 à 15:37

http://all-the-movies.cowblog.fr/images/Voyageauboutdelenfer.jpgVoyage au bout de l'enfer 'The Deer Hunter' (1978) réalisé par Michael Cimino
Avec Robert De Niro, Meryl Streep, Christopher Walken, John Savage, John Cazale...
Synopsis :
Cinq ouvriers sidérurgistes affrontent les hauts fourneaux d'une petite ville de Pennsylvannie et partent ensemble chasser le cerf. Parce que c'est la guerre au Vietnam, trois d'entre eux deviennent soldats sur le départ. Deux ans plus tard, la guerre sévit toujours et ces derniers se retrouvent prisonniers dans un camp vietcong...
Ma Critique : Stanley Kubrick filme la préparation militaire de cette guerre et le vif de celle-ci. Françis Ford Coppola en fait une peinture de 3 heures sur son décor et sa psychologie. Oliver Stone choisit de filmer la guerre sur Platoon, Entre Ciel et Terre puis la pré-post guerre sur Né un 4 Juillet pour former une trilogie témoignant son expérience.
 
En 1978 le génial Michael Cimino (l'année du dragon, les portes du paradis, le canardeur...) donne sa vision de cette guerre trois ans après la fin de ce qu’on pourrait appeler le second indochine. Avec le Pré, avec cette première partie de film célébrant le départ de 3 jeunes hommes Robert De Niro alias Mike, Christopher Walken alias Nick et John Savage alias Steven. ainsi que le mariage de ce dernier. A leurs côtés, d'excellents seconds rôles comme John Cazale qu'on avait vu dans Le Parrain ou encore Meryl Streep particulièrement émouvante. Une heure et demie de fête, d'alcool et de camaraderie. A l'époque au cinéma me racontait un ancien on faisait une intermission/pause avant de redémarrer le film qui terminait sa première partie sur la scène de chasse. Le montage fait un énorme bond en avant et on se retrouve directement devant les hélicoptères bombardant les villages viêtnamiens et l'horreur commence. Après quelques images choquantes, on passe à l'une des séquences les plus dures, les plus violentes que j'ai pu voir dans ma chienne de vie. Rien de plus stressant qu'une roulette russe, on tremble, on panique devant un tel amas d'inquiétude et de désespoir. 30 minutes de guerre sur 3 heures de film ça ne paraît pas beaucoup, mais vraiment intenses et époustouflantes. Plus efficace qu'une 1h 30 de guerre avec Platoon. Mais l'espoir renaît et c'est à partir de là que démarre le Post-Viêt-Nam, le traumatisme. Seulement ce n'est pas aussi pompier que Tom Cruise dans Né un 4 juillet (c'est là que je dis, Fuck Olivier Défoncé !).
 
C'est pur, réaliste, désespérant.. on voit tous les ravages d'une guerre, l'apocalypse de son décor et les vies qu'elle a brisée. Le malaise est présent jusqu'à la dernière séquence, l'émotion prend place subtilement sans être exagérée. Cela on le doit à des acteurs tous formidables, formant ce groupe de copains soudé et attachant et aussi à une réalisation magnifique signée Cimino qui sait justement émouvoir. The Deer Hunter reste l'un de mes films préférés, une des visions les plus cruelles, les plus efficaces et les plus justes de la guerre du Viêt-Nam, voire même de toutes les autres guerres.
 

Vendredi 18 mars 2011 à 23:41

http://all-the-movies.cowblog.fr/images/TheFighter.jpgThe Fighter (2011) réalisé par David O. Russell
Avec : Mark Whalberg, Christan Bale, Amy Adams, Melissa Leo, Jack McGee, Mickey O'Keefe
Synopsis : L'histoire vraie d'un jeune boxeur en quête d'un second souffle et son demi-frère ancien toxicomane, qui, malgré quelques tensions, vont malgré tout tenter ensemble la chance de réussir ce qu’ils ont raté chacun de leur côté.

Ma Critique
Projet datant de 2003, The Fighter a été posé entre les mains de Martin Scorsese, pour être remis dans celles de Darren Arronofsky (qui restera producteur exécutif cependant) en 2007 avant qu'il soit finalement réalisé par David O.Russell à qui l'on doit la brillante satire de la guerre du golfe Les Rois du Désert (1999) suivie d'un sacré bide J'adore Huckabees (2004) qui l'a jeté au fond du trou. Cette biographie sur la relation de deux demi-frères réunis par la boxe, l'un déchu et ayant sombré dans le crack (Dicky Eklund) et l'autre en devenir d'une légende mais ayant toutes fois essuyé quelques échecs (Micky Ward) a eu l'occasion parfaite de se ressaisir.

C'est clair qu'un film pareil est surtout dû à son casting, ou plus précisément son duo d'acteurs, sa fusion interdite entre deux excellents comédiens : Mark Whalberg - déjà dirigé par le cinéaste en question - (Les Infiltrés, Max Payne) tenant du rôle de Micky depuis 2005 et s'étant entraîné pour celui-ci depuis toutes ses années, et Christan Bale qui pose son costume de Batman vu par Christopher Nolan entre autres pour remplacer Brad Pitt dans la peau de Dicky, et nous livre une interprétation incroyable de son personnage survolté au grand coeur. Et en plus de ça le duo ressemble amplement aux vrais personnages que l'on peut apercevoiraperçevoir dans le générique. Ces deux numéros donnent un ton convivial encore plus renforcé par un casting dans lequel est présent des personnages qui jouent leur propre rôle (Mickey O'Keefe, Sugar Ray...), à une réalisation plus que sublime aux plans précis et rythmée par une BO à base de Breeders, Led Zeppelin ou encore Red Hot Chili Peppers.

Différent de Raging Bull  (quoique ressemblant par sa relation de frères illustrée par De Niro/Pesci dont le ring sépare sur celui-ci) ou Million Dollar Baby, The Fighter sait donc plus que faire plaisir au spectateur dans un moment très agréable en salle obscure éclairci par des purs combats de boxe tenant le suspense et des dialogues ou situations toujours amusants qui donnent ce ton à la fois comique subtil et presque émouvant, sans jamais tomber dans la grosse production américaine. En tout cas, les oscars décernés à Christan Bale et Melissa Leo (alias Alice Ward, la mère) respectivement dans les seconds rôles masculins et féminins sont bien mérités, et si ça tenait qu'à moi, l'oscar mondial du meilleur acteur reviendrait à Bale. Un film passionnant sur une histoire de boxe insolite traînant dans le Massachusetts que l'on doit absolument voir.



Vendredi 11 mars 2011 à 20:00

http://all-the-movies.cowblog.fr/images/clockers1995aff01g.jpgClockers (1995) réalisé par Spike Lee
Avec : Harvey Keitel, John Turturro, Delroy Lindo, Sticky Fingaz, Mekhi Phifer...
Synopsis :
Contrairement à son frère Strike, devenu dealer, Victor Dunham mène une existence familiale des plus saines. Jusqu'au jour où il se charge d'une mission à la place de Strike...
Ma Critique : Il y a quelques temps Clockers était un film qui m'attirait beaucoup tant par son équipe technique - Spike Lee, qui est un cinéaste que j'apprécie et admire, et le casting notamment mené par le duo irréprochable Harvey Keitel et John Turturro en flics qui limite se complètent leurs phrases -  mais aussi son sujet, l'approche violente de Spike sur la jeunesse en perdition et les problèmes de cité américaine (drogues, pauvreté, crime...) et également car c'est un des films de ma naissance (le 22 novembre 1995, lendemain du 21.).

Je ne m'étais pas trompé sur la qualité de ce très bon film. Adapté d'une histoire écrite par Richard Price, Clockers se penche donc sur ces jeunes qui trafiquent de la drogue en seconde zone. Ils ne sont jamais considérés comme des vrais dealers mais plutôt pour des merdeux qui tentent de gagner un petit peu plus d'argent pour gagner leur vie minable. La mise en scène, les plans, les dialogues : tout a un air ironique pour un film qui ne l'est pas du tout, mais au contraire très sérieux et révélateur. A commencer par ce générique de début violent voire presque dérangeant, qui zoome doucement sur des photos de règlements de compte tout en plaçant ses titres sur fond d'une musique langoureuse de Jazz. Tout ça laisse perplexe, et nous laisse passer 2 heures ciblées sur un de ces dealers, Victor Dunham se détruisant aux Cracks et qui pourtant a une passion attachante mais insolite pour les trains... Ce mode de vie n'est clairement pas celui adapté à son caractère. Il est la représentation de tous ces gosses qui se prennent pour des caïds mais qui ne valent pas un sou. Le film n'est pas particulièrement violent, mais il a une ironie et un second degré (qui se retrouvent dans l'excellent duo Keitel/Turturro) plutôt dérangeant, et le mode de filmer de Lee est comme celui de Jungle Fever et Do the Right Thing, très branché et divertissant. Pour le rendre bien contemporain de son  époque on y ajoute une bande son hip-hop comme on l'aime et pas ces daubes ricaines fricées, voilà Clockers. Ou la vision de tous ces jeunes qui pètent plus haut que leur cul, une morale assez perceptible pour un film à la trame policière passionante.


Jeudi 10 mars 2011 à 20:00

http://images.themoviedb.org/posters/41112/Ravenous_poster.jpgVorace 'Ravenous' (1999) réalisé par Antonia Bird 
Avec Guy Pearce, Robert Carlyle, David Arquette, Jeremy Davies, Jeffrey Jones, John Spencer, Stephen Spinella...
Synopsis : Pendant la guerre américano-mexicaine, le capitaine John Boyd se voit muté dans un fort isolé de Californie après avoir commis un acte de bravoure ambigu. Arrivé à sa nouvelle affectation, Boyd et la garnison, fort réduite, du fort recueillent un étrange individu traumatisé, Colqhoun, qui leur relate les actes de cannibalisme auxquels il a eu recours alors qu'il était bloqué dans une grotte avec plusieurs personnes. Le colonel Hart, commandant du fort, décide alors de diriger une expédition ayant pour destination cette grotte afin de sauver d'éventuels survivants. Arrivés sur place, Boyd et le soldat Reich descendent dans la grotte et y font une macabre découverte alors que le comportement de Colqhoun est de plus en plus étrange.

Ma Critique : Pas très connu, voire même pas reconnu, boudé par une grande partie des critiques et échec cuisant au box-office, la petite perle que j'ai découverte récemment est Ravenous. Vorace est un film totalement foutraque, un western cannibale fascinant, dérangeant, plongé dans des abimes de glauque et de mauvais goût qui ressortent par l'humour noir omniprésent dans le film. Un volontaire pour interpréter un cannibale rendu fou par le froid ? Robert Carlyle bien sûr, notre cher écossais Begbie de Trainspotting  et de Full Monty  interprète un homme aussi déjanté que son rôle d'alcoolique irlandais 10 ans auparavant, sauf que là ce n'est pas du whisky qu'il abuse, mais plutôt de la chair humaine.

Hannibal Lecter mange pour prouver son mécontentement ou pour le bien de la société les tribus de Cannibal Holocaust  cherchent juste à se faire plaisir et à se nourir .. Là le concept du film est plutôt simple : selon une vieillerie indienne, manger un corps humain revient  à s'emparer de son âme, et une addiction se crée aussitôt. Si il est simple, il est efficace. Le cannibalisme n'a jamais été traité de cette façon, et je pense n'avoir jamais vu un film qui l'illustrait aussi bien. Parce que là c'est un plaisir malsain, auquel personne ne peut y remédier. Nous sommes tous des animaux et nous pouvons nous manger à n'importe quel moment, il suffit d'y avoir goûté, mais le capitaine John Boyd interprété par Guy Pearce (démineurs, le discours d’un roi plus récemment) est prêt à y remédier. 

La réalisatrice Antonia Bird (Face et Prêtres qui mettaient déjà en scène Carlyle) parvient donc à nous filer des frissons sur un décor qui file le vertige (montagnes glaciales californiennes) et surtout soutenu par une sublime musique oscillant entre farandoles irlandaises au violon, guimbardes, accordéon et arrangements électroniques, composée par le leader de Blur et créateur de Gorillaz, le fameux Damon Albarn en collaboration avec Michael Nyman. Il donne cette ambiance unique très particulière à ce film, dès les premières scènes (la bataille, les cadavres..) à séquence finale, apocalyptique jusqu'au dernier plan qui nous laisse sur le cul. Original, unique, sanguinolent et corrosif : Un film à voir parce qu'il inscrit un nouveau genre entre Western et film d'horreur d'une morale absurde et ironique, une fois que vous y aurez goûté vous ne vous en passerez plus. Ca s'appelle Vorace, et ça vous glace le sang, vous file les crocs et si vous êtes assez indulgents un rictus pourra se former sur vos lèvres gercées et un rire jaune sortir de votre bouche. Miam. 

You are who you eat !



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