Avec Lambert Wilson, Michael Londsale, Olivier Rabourdin, Phillipe Laudenbach, Jacques Herlin...
Synopsis Un monastère perché dans les montagnes du Maghreb, dans les années 1990. Huit moines chrétiens français vivent en harmonie avec leurs frères musulmans. Quand une équipe de travailleurs étrangers est massacrée par un groupe islamiste, la terreur s’installe dans la région. L'armée propose une protection aux moines, mais ceux-ci refusent. Doivent-ils partir ? Malgré les menaces grandissantes qui les entourent, la décision des moines de rester coûte que coûte, se concrétise jour après jour...
Ce film s’inspire librement de la vie des Moines Cisterciens de Tibhirine en Algérie de 1993 jusqu’à leur enlèvement en 1996.
Ma Critique
Je ne suis pas un fin connaisseur de Xavier Beavois, mais je pense avoir vu assez d’œuvres de sa filmo pour me faire une opinion sur sa qualité de réalisateur. S’il est un film qui m’a particulièrement plu, ce serait son récent Le Petit Lieutenant, son dernier film en 2005, mettant en scène une belle petite brochette d’acteurs frais tels que les prometteurs Jalil Laspert et Roschdy Zem pour faire un polar d’ambiance filmant les premiers pas de Jalil dans la police nationale avec pour fond Paris au petit matin.
Avant ça, Beauvois filmait du pur auteur avec ses trois premiers films très difficiles d’accès : Nord en 1991 où l’histoire de consanguins passionnés liant mère et fils, ce dernier joué par le réalisateur en question – N’oublie pas que tu vas Mourir en 1995 sur le sida d’un cas de jeune étudiant en histoire de l’art échappant au service militaire (encore Xavier en l’occurrence...) et découvrant les joies de l’homosexualité, l’amour (avec Chiara Mastroianni) et de la drogue (avec Roschdy Zem). Enfin, avant le premier que je viens de vous citer, il avait réalisé Selon Matthieu en 2000, mettant en scène Nathalie Baye et Benoît Magimel dans une histoire assez ambigüe. C’est bien beau tout ça, Xavier sort un film tous les 5 ans, mais là ça valait le coup d’attendre.
Là ça dépassait mes attentes, déjà gagnant du Grand prix du Jury au Festival de Cannes, si acclamé par toute la critique (hormis les revues Brazil et un avis contre-opposé de Télérama) et qui par son succès dans le box-office français, s’est vu soutenu par des bobines supplémentaires afin de le diffuser partout et plus souvent.
Ces phénomènes ne sont pas anodins, Des Hommes et des Dieux est un chef-d’oeuvre à proprement parler sans superlatifs inutiles : c’est un chef-d’oeuvre. Pour une fois que le cinéma français ose produire des perles aussi belles. Parce que sérieusement, ce film n’est que mon 2e coup de coeur français de l’année 2010 après Mammuth de Kervern et Délépine (et encore, il ne l’épaule même pas.) alors que l’année se termine.
Xavier Beauvois filme le silence et le dialogue mieux que personne ne l’ait jamais fait. Il prend le temps d’observer le moindre détail de l’image, en insistant sur la personnalité des personnages de l’histoire sans jamais ennuyer le spectateur. En plus de ça, c’est un film sur la paix. On se dit, comment être aussi bon et aussi pacifistes dans ce monde de barbares ? Il y a aussi une question qui n’est pourtant pas la principale. Respectant la religion catholique et musulmane, un autre élément apparaît. Le respect mutuel entre les deux religions. Il n’est pas question d’un côté de la pédophilie, des scandales du pape et de l’autre côté, il n’est pas non plus question de l’Al Quaïda et de la misogynie. Il filme la religion telle qu’elle est : une source de pureté et de paix. Car après tout, au-delà d’être une idéologie, la religion n’est elle pas une source de réflexion ? L’entente cordiale et la solidarité entre ces deux religions nous rassure.
En plus de ça, il y a cette complicité entre les moines de l’ordre cistercien mené tambour battant par les 9 frères tous aussi bons les uns que les autres. Mention spéciale évidemment au génial Michael Londsale et l’inouï Lambert Wilson qui n’a jamais tenu un rôle aussi bon. Ils prient ensemble, en commun, s’entraident et aident les populations. Et ils ont un courage incroyable. Sans les considérer comme des héros ni des martyrs pour autant, Xavier les rend vivants tout au long du film et insiste sur leur bonheur constant d’avoir des liens aussi profonds en matière de camaraderie. Il l’emporte même sur le tableau d’arrière-plan, cette violence d’un pays au gouvernement corrompu soutenue par la guerre civile algérienne.
Les dernières images sont à couper le souffle jusqu’au texte blanc sur noir. Pourtant elles sont floues, incertaines comme pour symboliser le fait que leur meurtre reste une affaire non élucidée - commanditée par les terroristes ou l’état? - On ne sait pas, et pourtant ce n’est pas ce qui nous préoccupe le plus dans le film mais plutôt l’observation du silence, des choses qui nous entourent car le dernier film de Beauvois est un film sur l’esprit de la paix avant d’être un film d’auteur réaliste, même si il l’est profondément.
Quelque soit l’idéologie ou la religion, Des Hommes et Des Dieux restera le même sublime film aux yeux de tous (mais après c’est les goûts et les couleurs évidemment). Donc quelque soit votre préjugé sur le sujet, foncez-y et vous n’y ressortirez pas indemnes.