
Avec Clive Owen, Michael Caine, Julianne Moore, Claire-Hope Ashitey...
Synopsis Dans un futur très proche, une pandémie rendant la totalité des femmes stériles s'abat sur le monde. La violence, la guerre, le terrorisme, la maladie ou encore la pauvreté prend place et rend l'humanité chaotique. En grande-Bretagne, Théo Faron, sous l'impulsion de son ex-Femme, doit protéger et aider une jeune fille issue de l'immigration, Kee, qui par miracle est tombée enceinte et peut sauver l'humanité jusqu'au navire du "Tomorrow" où le bébé sera en sureté et pourra donner un renouveau et un espoir à la planète.
Ma Critique Sans vous mentir, j'ai encore du mal à pouvoir décrire ce film, sans paraître exagéré ou ridicule de superlatifs. Les fils de L'homme, (traduit de "Children Of Men" titre original plus classe) est l'adaptation du livre éponyme de P. D. James, je ne pourrais pas vous parler du bouquin je ne l'ai pas encore lu.
La 1ere fois que je l'ai vu, j'ai mis quelques jours à m'en remettre, à voir à quel point ce film m'a fichu une claque, par sa sincérité et son désespoir, finalement éclairé par une once d'espoir.
La séquence d'ouverture est de loin la plus réussi : Théo (Fabuleusement bien interprété par Clive Owen qui fait preuve d'une sobriété et d'un naturel inouïs) rentre dans un coffee-Shop pour prendre un café. La plupart du quartier est centré sur la télé du bar, qui annonce que "Bébé Diego" l'enfant le plus jeune du monde (18 ans) s'est fait tué par un fan, à qui il a refusé de signer un autographe... Tout le monde est déchiré par cette nouvelle. Théo s'en fiche, il sort du coffee-Shop et va boire son café avec un peu de whisky dedans. (Je précise que c'est le même plan, même caméra depuis le début du film), la caméra tourne sur elle même et... le coffee Shop explose, tout le monde est à terre. La caméra filme en avançant près du café pour terminer la séquence. Il m' a fallu le voir trois fois, pour remarquer que la femme qui sort du bar en criant, à un bras la main. Mais c'est dur à remarquer, car le temps de voir la femme qui crie, on a même pas une fraction de seconde. Puis après le cri le titre "CHILDREN OF MEN" blanc sur noir.
J'ai dû voir cette séquence, qui me fascine à un point que vous ne pouvez pas imaginer, une bonne centaine de fois. Ensuite on enchaîne sur l'après titre, où, le sifflement dû à l'explosion terroriste qu'a vécu Théo, reste dans son oreille et atténue tout ce qu'il entend durant dix minutes puis disparaît en fondu du son.
Durant tout le film, Théo va devoir traverser beaucoup d'épreuves, rencontrer plusieurs personnes différentes. Le meilleur personnage de l'histoire pour moi est Jasper (Joué par le très bon Michael Caine), un vieil ami proche de Théo, ancien caricaturiste politique avec qui il aura des entretiens d'une simplicité et d'un humour assez excellents, et c'est vraiment là qu'on ressent les minuscules touches d'humour qui se dispersent dans le film avec quelques répliques et réactions de Théo assez tordantes mais pas exagérées.
Mais aussi la rencontre avec son cousin, passionné d'art, avec Guernica dans son salon et le cochon qui figure sur la pochette de Animals des Pink Floyd qui s'est barré lors de la prise.
Avec Kee, la femme enceinte qui joue plutôt bien, il va devoir affronter pas mal de situations génantes, muni d'une paire de tongues pendant tout le film (Si si) il va se faire poursuivre par la police, le groupe terroriste des poissons et va se retrouver dans un conflit Palestiniens avec des Révoltés avec Voile qui crieront "Alla WelBar" pendant 20 min avant de se faire calmer par les forces de l'armée.
L'esthétisme du film est centrée sur la caméra, uniquement en narration interne (c'est à dire qu'on ne voit pas ce qui se passe au delà de la vision de Théo ce qui est assez talentueux). Les plans ne sont jamais fixes mais longs et en mouvement. Alfonso Cuaròn filme avec beaucoup de talents le destin de Théo et le suit partout, tel un reporter, ce qui fait du film un documentaire sur l'humain, sur le comportement et les réactions humaines. Et non pas un jeu vidéo comme dirait certains geeks.
Je pense plus particulièrement à un long-plan-séquence de 15 min, qui est toujours le même et il n'y a pas de coupure. C'est vrai, on y fait pas attention, mais la caméra suit Théo (qui tente de retrouver Kee et son bébé a travers les explosions les conflits et les fusillades) sans changer de plan. Magnifique séquence qui est impressionnante par le fait que tout soit organisé par le réalisateur, qui ne prend pas le temps de filmer de près ou zoomer la violence des scènes, mais laisse la violence en paysage et les décès et drames en arrière plan ou premier quand il s'agit de Théo. Et il n'y a pas que cette scène mais aussi celle de l'embuscade ou encore la 1ere séquence que je vous ai décrite. Les scènes de violence arrivent donc de manière brutales "Impulsives" (un peu comme dans le fameux "A History Of Violence). C'est donc extrêmement bien filmé et Cuaròn n'a pas forcée d'expliquer par les dialogues le passé de certains personnages, les objets ou photos que filme la caméra en travelling en fait déjà bien assez.
Grâce à la caméra, on arrive aussi à filmer les moches paysages pollués et surpeuplés d'immigrés voulant aller se réfugier en Grande-Bretagne, se faisant refuser par la police et parfois... eliminés. Mais aussi la campagne anglaise qui n'est plus vraiment ce qu'elle était, les rebels lançant des pierres sur le métro.
Le film n'a pas un trait ricain, mais vraiment aucun ; si ce n'est peut-être pour certains la scène de l'accouchement, mais je ne trouve pas, au contraire elle à une certaine beauté. Ce qui prouve que le film n'a que la marque de la patte du cinéma britannique. Théo n'a pas d'armes durant tout le film (enfin presque, un moment il a une brique) il se sert de ses jambes pour courir et des conflits pour se couvrir, ce qui rend 'Les Fils de L'homme" réaliste et doté d'une simplicité de tournage extrême.
Le film se pose aussi des questions sur pas mal de points. La grande question abordée dans le film est "Si l'humanité devait s'éteindre dans 100 ans, à cause de la stérilité que faire?".
Certains seront normaux et vivront sans y penser, c'est le cas de Jasper et du cousin de Théo. Mais on peut aussi devenir Suicidaire, Terroriste ou encore rentrer dans l'armée pour expulser les immigrés. Ou autre cas encore, on peut devenir renonçant ou repentant par le slogan "La Stérilité est une malédiction invoquée par le seigneur Dieu pour nous punir des pêchés que nous avons commis, il est grand temps de se racheter". Alors ils se flagellent ou prient, si ils sont plus ou moins softs.
La musique est aussi un très bon élément du film : Les Kills, les Libertines, Junior Parker ou encore Donovan peuplent la B. O. On peut aussi remarquer en premier "In The Court Of The Crimson King" de King Crimson (dans l'album du même titre : Voir la chronique sur l'autre blog) qui filme ce qu'est devenu Londres, et le seul élément religieux que l'on voit dans le film avec un gourou citant "La Stérilité est un péché invoqué par le seigneur!". Mais aussi "Hush" de Deep Purple qui est dur à repérer (le moment du voyage en voiture avec jasper, musique de fond dans la Radio) une reprise de "Ruby Tuesday" des Rolling Stones et un titre de John Lennon ainsi qu'une musique composée par John Tavener.
Je crois, ou du moins j'espère avoir fait le tour de ce "Chef D'oeuvre" et (j'insiste sur le terme) qui m'a foutu une claque dont je me souviendrais toute ma vie. Le film est en quelques sortes parfait, du moins j'ai pas de reproches à lui faire. Inévitable film à regarder (mais vraiment choquant tout de même) sans relâche du début jusqu'a la fin, au dernier plan...